samedi 14 juin 2014

Plaques au gélatino-bromure d'argent

Officier d'état-major

Un ami m'a proposé une boite contenant une quarantaine de négatifs sur plaques de verre au format 9x13cm au gelatino-bromure d'argent. Il les avait trouvé dans un dépôt-vente il y a quelques années et il voulait maintenant s'en débarrasser.


Malgré quelques trous de petite vrillette (les dépôt-ventes sont souvent une nurserie pour les insectes xylophages) la boite était dans un état sain. A l'intérieur, aucune inscription, aucun papier, aucune information sur le propriétaire des plaques, les lieux de prises de vue ou leur époque.


Si la boite était saine, il n'en était pas de même des plaques. La plupart avaient été contaminées par un champignon qui avait attaqué la gélatine créant des dégâts irréversibles (principalement sur les bords). On ne le dira jamais assez : la couche photosensible en gélatino-bromure d'argent est très très très fragile. Il convient donc de manipuler et de conserver les plaques très précautionneusement. Pas de contact direct avec les doigts car la transpiration est acide (les saisir par les bords, avec des gants c'est encore mieux), aucun liquide dessus et conservation dans un endroit sec.

J'ai donc entrepris leur nettoyage, muni de gants en coton. D'abord un dépoussiérage des deux faces avec un pinceau à poils fins (un pinceau à blush convient tout à fait), de manière particulièrement délicate pour le côté avec la gélatine. Cela a retiré beaucoup de petites poussières.

La face sans gélatine a ensuite été nettoyée avec du coton imbibé dans une solution d'alcool à 90° dilué dans de d'eau (60/40 trouvé avec d'autres informations utiles sur http://www.ecpad.fr/wp-content/uploads/2011/01/conservation_plaques_de_verre.pdf) puis séchée avec un chiffon doux pour ne pas faire de rayures. Vu la couleur du coton, cela a bien décrassé les plaques qui ont retrouvées une surface claire et brillante.

La boite a aussi eu le droit à un petit nettoyage : paille de fer 000 pour qu'elle retrouve un bel éclat. Quelques gouttes d'huile essentielle de tea-tree (puissant anti-bactérien utilisé pour en restauration) ont été déposées dans la boite par titre préventif.

En regardant par transparence, ma curiosité est attisée : on aperçoit des personnages, des paysages bretons, des scènes de vie, des intérieurs bourgeois, ... bref, il faut que j'en vois plus !

Mon scanner à plat ne me permettant de numériser que des négatifs 24x36, il faut que je trouve autre chose.

Je tente une installation avec un flash de studio équipé d'une boite à lumière éclairant vers le haut sur laquelle je pose une vitre. Cela me servira de table lumineuse. Et moi debout sur un tabouret je photographie avec un appareil numérique plaque par plaque. Ce n'est pas très élégant (ni confortable) mais cela donne des premiers résultats intéressants.




Le procédé a ses limites car on voit la maille du diffuseur dans les zones sombres (qui correspondent aux zones claires du négatif) mais la découverte de ces visages est émouvante. La netteté donne l'impression que les images sont proches de nous, ont été prises récemment alors qu'un siècle nous sépare. C'est émouvant.


Mais cela reste un peu frustrant. Certes il y a un côté pratique à redonner vie à des négatifs argentique avec du numérique mais tirer des photos "à l'ancienne", dans un laboratoire argentique prolongerait la magie des plaques.

Je décide donc de me lancer dans le tirage de planches-contacts, en essayant de classer les plaques par exposition, ce qui va s'avérer plus compliqué que prévu.


Après plusieurs heures enfermé dans le labo, le résultat est à la hauteur de mes attentes. Les planches sont ensuite numérisées pour être publiées.


Le tirage est moins net que la photo prise avec l'appareil photo numérique (cf. détails) mais il permet d'accéder à des nuances que le numérique ne permet pas (cf. ciel), voila pourquoi l'argentique a ma préférence.




Si ma soif d'image a été assouvie, on ne peut pas en dire autant de ma curiosité concernant les personnages et les situations. Quelques indices nous permettent de situer l'action en Bretagne, peut-être du côté de Lorient, dans les années 1920 mais avec guère plus de précision. Des recherches plus poussées permettrait sûrement d'en savoir plus et qui sait ? peut-être même de retrouver la maison familiale ...














L'immatriculation du bateau indiquerait-elle que nous sommes à Lorient ?



La photo en haut à gauche représente le puits artésien de Grenelle à Paris (1841-1903), aujourd'hui disparu.



La différence d'exposition entre les 2 premières vues n'est pas sans rappeler le bracketing actuel ;)

Le lustre de la photo en bas à droite est électrifié




1 commentaire:

  1. Je viens juste aujourd'hui de faire don de 17 caisses de negatifs sur plaques de verres du commencement du XXème siecle, au CPF - Centro Português de fotografia (Centre Portugais de la Photo). Ils vont me donner une copie digitale de chaque negatif. Le caísses etaient de diferente marques et la plupart etait en bonne conservation.

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